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L’été dernier un ami un peu bourru, me dit ‘’Ha toé pis ton golf, té pas tanné de ‘’zigonner’’ après une balle ’’. Devant cette ‘’bourruteté’’ démoralisante, je lui ai dit ceci : Imaginons mon Jo que ta santé physique et morale va plus ou moins bien et que tu dois aller voir ton médecin en sachant qu’il ne voudra pas ajouter d’autres médicaments à ceux que tu prends déjà. Gageons qu’il va te proposer quelque chose qui ressemble à ça : ‘’sors respirer le grand air, prends des marches, fais un peu d’exercices, vois du monde, change-toi les idées, donne-toi des défis’’. En résumé, il aurait pu dire simplement ‘’bouge tes fesses et va jouer au golf’’.

J’exagère peut-être un peu mais trouvez-moi une autre activité pour mon ‘’Jobourru’’ qui pourrait lui faire autant de biens. Ajoutez à cela des amis, des anecdotes, des ‘’tirages de pipe amical’’, la verdure, la halte du 19e et vous avez là la meilleure thérapie pour améliorer sa santé. Cet ami ne peut pas savoir que jouer au golf c’est bien plus que ‘’zigonner’’ une balle. Malheureusement beaucoup de gens pensent la même chose quand ils voient golfeurs et golfeuses se ‘’trémousser’’ sur un parcours. Pourtant, nous les passionnés, avons tellement d’arguments et de souvenirs qui nous permettraient de mieux vendre ce sport encore trop caractérisé par de vieilles coutumes et son éthique un peu hautaine qui remonte à des siècles.

En parlant de souvenirs, en voilà un bien gravé. C’est un matin d’automne, départ à 7h30, mes amis lève-tôt sont comme toujours au rendez-vous. Départ retardé car le ‘’s’rein’’ tombé durant la nuit a blanchi toute cette verdure. Après un bon café et le gel disparue, nous approchons le premier départ donnant sur ce lac intimidant qui, ce matin est couvert d’un brouillard que le soleil levant tente de dissiper. J’ai toujours conservé cette image en mémoire tellement c’était mystique comme décor.

Petite gageure toujours de mise, avant même de frapper notre 1e balle, Boutch nous joue dans la tête avec ses drôles d’expressions qui semblent sortir d’un autre monde.  Et voilà, que Ric et Yves catapultent le p’tit caillou à 270 verges au travers du brouillard. Je n’ai pas un coup de joué encore et mon 5$ a déjà un coin sorti de ma poche… 😊.  Je sais déjà que ça sera une ronde tellement agréable. Je prends une grande bouffée d’air dans ce coloré décor d’automne et regarde mes ‘’chums’’ souriants déambulant dans l’allée le torse bombé contournant quelques retardataires oies et canards. J’apprécie toute la chance que j’ai d’être là. On nous dit souvent qu’il faut apprécier le moment présent, celui-là était d’une simplicité déconcertante mais tellement magique en même temps.

Je suis du genre à prendre ce que la vie m’offre, certes avec un certain équilibre mais je me dis souvent qu’il ne faut pas attendre de voir la balle par en dessous pour s’amuser à la mettre dans le trou 😊.  J’avoue cependant que pour ceux qui n’ont jamais foulé les allées d’un parcours, ce n’est pas évident de comprendre qu’on ne fait pas que ‘’jouer au golf’’. Honnêtement, quand on regarde les ‘’à côtés’’ d’une ronde de golf, c’est difficile à battre comme activité sportive, du moins c’est ce que j’en pense. Passer 4 heures en plein air, dans un décor enchanteur avec de bons amis, à faire ce que t’aime faire, en sachant que c’est bon pour ta santé, quoi demander de plus…

L’un des aspects que j’apprécie beaucoup sur un parcours de golf, est cette sensation d’être continuellement en situations nouvelles. C’est comme si chaque coup à jouer devient un nouveau défi qui nous anime et nous motive. Sur les 5000 frappes que je vais faire dans la saison, il n’y en a pas deux qui seront pareilles. La configuration du terrain, les conditions météorologiques, les conditions du parcours, les obstacles, ‘’ y a toujours quekchose’’ comme dans l’annonce d’assurance à tv 😊. C’est un des aspects qui rend le golf si plaisant. On pourrait jouer à tous les jours sans ressentir la moindre monotonie.

Un exemple qui illustre assez bien ce que je veux dire est celui de ma p’tite maman. Il y a plusieurs années, à l’aube de ses 70 ans, elle avait joué tout près de 150 parties dans une saison. En comptant environ 170 jours jouables dans une saison, elle avait certainement joué quelques fois avec un imper ou un bon coupe-vent. Comment expliquer un tel engouement pour un sport?  J’ai des amis retraités qui jouent pratiquement à tous les jours, trouvez-moi une autre activité sportive qui suscite autant d’intérêt jour après jour.

Le golf connait un énorme regain depuis quelques années. Cette maudite pandémie aura au moins eu quelque chose de positif. Beaucoup se sont tournés vers le golf pour remplacer leurs activités coutumières devenues impossible à pratiquer et beaucoup continuent à jouer même si la pandémie est chose du passé. De chez moi je vois sur notre beau parcours de Lac-Etchemin, des ados, des couples, des familles et des amis qui arrivent en fin d’après-midi pour jouer un 9 ou un 18. J’entends les rires et les exclamations et tous ont tellement l’air d’avoir un plaisir fou.

‘’Voilà mon cher Jo, c’est tout ça zigonner une balle…’’ 😊.